Exposition temporaire
Le berger, figure spirituelle dans l’œuvre de l’artiste.
« Je suis en communion avec la nature qui m’entoure, je ne veux être l’esclave que de la nature et de mon cœur, et puiser, sans intermédiaire, à même la vie ». A.Chabaud.
La figure du berger dans l’oeuvre d’Auguste Chabaud est visible sur ses premiers dessins sur papier de boucherie, datés de 1901-1902, mais également sur diverses feuilles de papier blanc, propices à l’écriture graphique.
Avec peu de moyens, fusain, mine de plomb, craies colorées et parfois quelques réhauts d’aquarelle, il croque hâtivement et toujours in situ, le berger immobile, appuyé sur son baton, dans le coeur de la Montagnette ou des Alpilles, ou encore, en mouvement et en itinérance vers les grands espaces.
Graphiquement, Chabaud arrive à une stylisation extrême pour représenter le berger et son troupeau qui se résume parfois à quelques points épars pour la représentation des bêtes et de simples traits hâtifs, pour la silhouette de l’homme avec son bâton, ou encore le chien, observateur de la scène.
Un simple point de fuite évoque souvent l’horizon, défini par deux lignes traçant la route, où se profile la silhouette du berger. Il a traité de façon similaire la figure récurrente de la provençale au fichu, forme iconique, rehaussée d’un simple point pour situer la coiffe.
Auguste Chabaud a cette faculté à synthétiser et à ne voir que l’essentiel, suggérant ici la scène bucolique d’un berger et ses moutons, en harmonie et en totale osmose avec le paysage qui les entoure, comme si l’homme et les animaux ne faisaient plus qu’un avec la nature environnante.
L’exposition intitulée « Chabaud.Delavouët, sur les pas du berger… », présentée cet automne 2020, à partir du 22 octobre, au Musée Auguste Chabaud a été réalisée en lien avec le Centre Mas-Filipe Delavouët et l’association A l’asard Bautezar ! , et en regard croisé avec celle du Creddo, « PASTRE ». Elle rassemble une quarantaine de dessins inédits d’Auguste Chabaud, quelques peintures et argiles provenant de collections familiales et privées.
Max –Philippe Delavouët, poète contemporain d’expression provençale, dont nous fêtons cette année le centenaire avec une programmation riche en évènements dans divers haut lieux de la culture, et que nous souhaitons également honorer, à travers sa poésie, à l’occasion de cette rétrospective, fut l’ami d’Auguste Chabaud, durant ses dernières années.
Poète natif de Marseille, il a grandi à Grans au mas du Bayle-Vert et a produit une œuvre littéraire et poétique conséquente ainsi qu’une importante œuvre graphique dont gravures sur bois et linos, gouaches, cartons de tapisserie, calligraphie etc. Sa poésie métaphysique et simple, de portée universelle, rédigée en provençal avec en regard une traduction française de l’auteur, accompagne magistralement et avec musicalité, dans le cadre de cette exposition, les dessins et les peintures de l’artiste.
Une osmose se dégage de cet ensemble.
L’ouvrage « A.Chabaud . L’homme et le cadre » publié en 1983 par les éditions du Cercle d’Art faisait déjà référence à l’univers poétique de l’écrivain et à celui du peintre. Poésie et peinture se mêlant dans un même élan de spiritualité où la figure du berger, entre autre, a été admirablement évoquée par le poète en hommage à Auguste Chabaud. Un hommage à l’homme, pour son humilité et sa bienveillance, et au peintre, pour son talent et la fascinante représentation plastique que ce dernier nous fait de ce berger.
En 1950, c’est Auguste Chabaud qui illustrera de quatre lithographies, pour un hommage au poète, l’ouvrage « Quatre cantiques pour l’âge d’or ».
Il sera publié et édité en 1950, au Bayle –Vert à Grans, au moment où Chabaud est consacré par Louis Malbos au Musée Granet, à Aix en Provence, lors de l’exposition jubilaire intitulée « Hommage de la Provence à Auguste Chabaud ».
La préface intitulée « Tryptique. A Chabaud, mon ami » sera écrite par Max-Philippe Delavouët.
Cette collaboration viendra sceller entre les deux hommes une amitié sincère et instaurer une osmose spirituelle entre peinture et poésie, autour d’une même inspiration sur des thèmes majeurs de leur quête artistique.
Des œuvres emblématiques de la période provençale d’Auguste Chabaud, en évocation à l’écriture lyrique du poète des « Quatre cantiques », nous sont dévoilées à l’occasion de cette exposition.